L’enfer monétaire et des matières premières
Lorsque les choses tournent mal dans le monde, cela se produit souvent au moment le plus propice pour causer un maximum de dégâts.
Depuis des années, je suis convaincu que le monde arrive à la fin d’une ère économique, financière et monétaire.
Le monde va évidemment blâmer Poutine pour tout ce qu’il se passe. Mais il faut se rappeler que ni Poutine ni le Covid ne sont à l’origine du cataclysme économique qui nous attend.
Ces événements sont des catalyseurs. Ils auront un effet majeur car ils percutent une gigantesque bulle d’endettement d’une ampleur jamais vue dans l’histoire. Et il suffit de presque rien pour que cette bulle n’éclate.
Il est sans équivoque que toutes les monnaies finiront leur chute vers zéro entamée il y a plus de 100 ans. Il est également clair que toutes les bulles d’actifs – actions, obligations et immobilier – imploseront en même temps, entraînant une longue et profonde dépression.
L’avertissement a été lancé en 2006-2009, mais les banques centrales l’ont ignoré et se sont contentées d’ajouter de nouvelles dettes sans valeur aux dettes sans valeur existantes pour créer des dettes sans valeur au carré – une recette évidente pour un désastre.
Ainsi, comme c’est souvent le cas pour la fin d’une ère économique, le catalyseur est totalement inattendu et pire que ce que quiconque aurait pu prévoir.
Cycles de guerre
Nous sommes plusieurs à avoir souligné que nous sommes actuellement dans un cycle de guerre, et les événements récents l’ont confirmé et ont frappé le monde sévèrement.
Tout comme personne n’a prêté attention à l’avertissement lancé par la grande crise financière de 2006-2009, peu de gens ont pris au sérieux les avertissements de Poutine depuis la révolution ukrainienne de Maïden en 2014.
Lorsque des problèmes arrivent à la fin d’une ère de bulle excessive, ce sont toujours les pires. Qu’il y a-t-il de pire qu’une guerre qui pourrait se transformer en une guerre nucléaire et mondiale ?
Malheureusement, les guerres font partie de l’histoire et il n’existe pratiquement aucune période de l’histoire sans guerre. Wikipedia recense une quarantaine de guerres et de conflits en cours, dont la plupart sont relativement petits et locaux. La majorité d’entre eux se déroulent au Moyen-Orient et en Afrique.
Les guerres sont horribles à tous les niveaux et l’invasion de l’Ukraine par la Russie est certainement un autre conflit sinistre qui aurait pu être évité. Lors de la révolution de Maïdan, soutenue par les États-Unis, le président ukrainien Ianoukovytch, favorable à la Russie, a été chassé. Depuis lors, Poutine a toujours fait savoir qu’il ne pouvait pas accepter d’être entouré par une Ukraine soutenue par les États-Unis et l’Occident, ainsi que par des membres de l’OTAN dotés de systèmes de missiles pointant vers la Russie. Le parallèle avec Cuba, Kennedy et Khrouchtchev en 1962 est évident.
Que les demandes de Poutine aient été entendues ou non, il a fait très clairement savoir qu’il ne laisserait jamais la Russie être acculée de la sorte. Si les États-Unis et l’Occident s’étaient davantage concentrés sur une diplomatie au service de la paix mondiale, les choses auraient pu être différentes. Les dirigeants ont également délibérément ignoré le fait que le monde se dirigeait vers un effondrement inévitable de la dette économique et des actifs. Au lieu de cela, les occidentaux ont trouvé d’autres sujets sur lesquels se mettre d’accord, comme le Covid, le changement climatique, le wokisme ou encore la réécriture de l’histoire.
Poutine est donc désormais l’ennemi numéro un du monde occidental, car déclencher une guerre est toujours inacceptable, quel que soit celui qui la déclenche. Lindsey Graham, un sénateur républicain américain, vient de suggérer que Poutine devrait être éliminé ! Mais Boris Johnson n’est heureusement pas d’accord et suggère plutôt que Poutine soit tenu de rendre des comptes devant la Cour (pénale) internationale.
C’est normal, les crimes de guerre sont toujours des crimes et doivent donc être punis.
Mais ce qu’il est intéressant d’observer, c’est que lorsque les États-Unis et leurs alliés déclenchent des guerres non provoquées au Vietnam, en Irak, en Libye ou en Syrie, faisant des centaines de milliers de victimes innocentes, détruisant le tissu de ces sociétés et conduisant à l’anarchie, personne ne demande que le président américain ou le premier ministre britannique soit tenu responsable.
De toute évidence, le monde n’a jamais été un terrain de jeu équitable.
La Fed ne parvient jamais à maîtriser l’inflation
Dans l’ère actuelle infestée de dettes, il est certain que l’inflation mènera à l’hyperinflation, bien que la Fed et les autres banques centrales occidentales n’aient jamais compris ce qu’était l’inflation. Tout comme elles n’ont pas compris que leurs chiffres d’inflation manipulés ne pouvaient même pas atteindre l’objectif de 2% de la Fed. Maintenant que l’inflation américaine réelle dépasse 15% (voir le graphique ci-dessous), la Fed est confrontée à un nouveau dilemme auquel elle n’est absolument pas préparée.
Le gouvernement américain a commodément modifié le calcul de l’inflation pour l’adapter à ses objectifs. S’il s’en était tenu à la méthode établie dans les années 1980, l’inflation officielle serait aujourd’hui supérieure à 15% et en augmentation.
Pendant des années, la Fed a tenté sans succès, avec tous les chevaux et tous les hommes du roi, de ramener l’inflation à 2%. Malgré l’injection de milliers de milliards de dollars et le maintien des taux d’intérêt à zéro, elle n’a jamais compris pourquoi elle avait échoué.
Malgré l’impression de quantités illimitées de fausse monnaie, l’inflation est restée pendant des années plus proche de 0% que de 2%.
Aujourd’hui, avec une inflation officielle de 7% et une inflation réelle de 15%, la Fed ne comprend pas ce qu’elle lui arrive, comme le témoigne son ridicule langage « transitoire ».
La Fed doit maintenant faire une volte-face rapide pour trouver comment réduire l’inflation de 5 points de pourcentage et plus probablement de 13 points pour la ramener à 2% au lieu de l’augmenter.
La Fed n’y parviendra jamais, et beaucoup d’entre nous le savent depuis très longtemps.
Si la Fed étudiait et comprenait l’économie autrichienne plutôt que le défunt keynésianisme, elle saurait que le taux d’inflation réel dépend de la croissance de la masse monétaire plutôt que du modèle obsolète des prix à la consommation.
Sur la base de la croissance de la masse monétaire, l’inflation américaine est aujourd’hui de 19%
Examinons donc la croissance de la masse monétaire. Depuis 1971, M2 a augmenté de 7% par an. Une croissance de 7% signifie que les prix doublent tous les 10 ans. Nous avons donc 100% d’inflation totale sur 10 ans au lieu des 2% par an, qui sont l’objectif de la Fed.
Mais comme le montre le graphique ci-dessus, la phase exponentielle a commencé en mars 2020, M2 augmentant de 19% par an depuis lors. Cela signifie un doublement des prix tous les 3,8 ans.
Puisque la masse monétaire augmente de 19% par an, cela signifie que l’inflation est également de 19% selon nos amis autrichiens.
C’est ce à quoi les États-Unis et le monde étaient confrontés avant la crise ukrainienne. Mais aujourd’hui, il y a beaucoup de carburant explosif versé sur le feu de l’inflation mondiale.
La Russie possède les plus grandes réserves mondiales de ressources naturelles
La Russie possède les plus grandes réserves de ressources naturelles au monde, notamment du charbon, du gaz naturel, du pétrole, de l’or, du bois, des métaux de terres rares, etc. En roubles, ces réserves vont évidemment s’apprécier considérablement avec la chute de la monnaie.
Au total, les réserves de ressources naturelles russes sont estimées à 75 000 milliards $. C’est 66% de plus que le deuxième pays, les États-Unis, et plus de deux fois plus que l’Arabie saoudite et le Canada.
Même si la totalité de l’offre russe n’est pas perdue, l’Occident semble déterminé à punir la Russie le plus sévèrement possible. Par conséquent, comme nous l’avons déjà vu avec la forte escalade des prix du pétrole et du gaz, les pénuries vont exercer une pression insupportable sur les prix des ressources naturelles.
Le tableau ci-dessous montre les pays d’Europe qui dépendent du gaz russe pour plus de 50% de leur consommation totale.
Un cygne noir des matières premières est à venir
Le marché mondial des céréales, de l’huile végétale et des engrais était déjà extrêmement tendu avant l’attaque de la Russie.
Ce qui se passe actuellement est un cygne noir pour les ressources énergétiques et agricoles.
En novembre dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde contre une pénurie catastrophique pour plusieurs centaines de millions de personnes. Ce qui se passe maintenant va aggraver la situation de manière exponentielle.
« Tout est en train d’augmenter verticalement. L’intégralité de la chaîne de production est sous pression, de tous les côtés », a déclaré l’ancien responsable des marchés agricoles de l’ONU.
L’énergie et les produits agricoles sont interconnectés. Le gaz sert de matière première pour la production d’engrais en Europe. La Russie et le Belarus représentent ensemble 1/3 des exportations mondiales de potasse.
Environ 33% des exportations mondiales d’orge proviennent de la Russie et de l’Ukraine, 30% du blé, 20% du maïs et 80% de l’huile de tournesol.
Les conséquences sont imprévisibles.
L’indice Goldman Sachs des matières premières a été multiplié par 3 depuis avril 2020. La phase exponentielle du mouvement ne fait que commencer.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FOA) fait état d’une augmentation de 43% du prix des aliments depuis 2020. Et rappelez-vous, c’était avant que les vrais problèmes n’aient commencé.
L’enfer mondial de la monnaie et des matières premières
Depuis plusieurs années, j’ai mis en garde contre l’inflation à venir, menant à l’hyperinflation, basée sur une impression monétaire illimitée.
Mais la dynamite d’une crise des matières premières et des pénuries, ajoutée à la dette déjà catastrophique et au feu monétaire mondial, risque de créer un brasier aux proportions nucléaires.
Si un miracle n’arrête pas cette guerre très rapidement, le monde assistera bientôt à une explosion hyperinflationniste des matières premières (énergie, métaux et nourriture) combinée à une implosion déflationniste des actifs (dette, actions et immobilier).
Le monde subira des conséquences totalement inconnues, et ce pendant une longue période.
Tout cela se produirait très probablement même sans guerre mondiale. Mais si la guerre se propage en dehors de la Russie et de l’Ukraine, alors tous les paris sont ouverts. À ce stade, je ne vais pas spéculer sur une telle issue, car ce qui se profile devant nous actuellement est déjà suffisamment grave.
Y a-t-il de bonnes nouvelles ?
Y a-t-il de bonnes nouvelles ? Tout d’abord, comme je le répète souvent, la famille et un petit groupe d’amis seront d’une valeur inestimable dans la crise à venir.
Comme une inflation des matières premières est garantie, il est évident que l’or physique et un peu d’argent physique seront une bouée de sauvetage contre la destruction des bulles d’actifs à venir (actions, obligations, immobilier).
Comme je l’ai dit à plusieurs reprises : « L’OR ET L’ARGENT ATTEINDRONT DES SOMMETS INIMAGINABLES »
Dans une crise de cette ampleur, je me tiendrais à l’écart des actifs papier, y compris les ETF de toute sorte. Il est impératif d’avoir des métaux physiques stockés en dehors du système financier.
Et ne mesurez pas votre richesse ou votre or en papier monnaie sans valeur. Mesurez plutôt votre or et votre argent en onces ou en grammes.
Observez ce qui arrive à l’or lorsque la monnaie s’effondre. Le graphique ci-dessous montre le prix de l’or en roubles depuis 2000. L’or a été multiplié par 38 au cours des 21 dernières années. Au cours des 12 derniers mois, l’or a augmenté de 89% en roubles, et les problèmes ne font que commencer.
La Russie était le deuxième producteur d’or au monde en 2020 avec 331 tonnes, après la Chine et ses 368 tonnes.
Ces deux pays ont officiellement accumulé 3 400 tonnes d’or depuis 2000, soit un total de 4 200 tonnes.
Certains initiés estiment que les réserves d’or de la Chine pourraient en fait s’élever à 20 000 tonnes et que celles de la Russie sont également bien supérieures au chiffre officiel de 2 300 tonnes.
Alors que la Russie et la Chine ont multiplié par 5 leurs avoirs en or depuis 2000, les États-Unis en détiendraient 8 000 tonnes depuis 1980. Mais comme il n’y a pas eu d’audit physique officiel de l’or américain depuis 1953, peu de gens croient qu’ils détiennent cette quantité d’or disponible.
Rappelez-vous : « Celui qui détient l’or établit les règles ».
En 2009, j’ai écrit un papier intitulé « Les années sombres sont là ». J’en ai souvent republié des extraits, la dernière fois en 2020 dans mon article « Les années sombres et le quatrième tournant« .
Malheureusement, il semble maintenant que les années sombres commencent pour de bon.
À l’exception de la protection de vos actifs contre l’effondrement des monnaies, je répète que le cercle de la famille et des amis et l’aide aux autres seront absolument essentiels.
À Propos Egon von Greyerz
Egon von Greyerz
Founder and Chairman
VON GREYERZ AG
Zurich, Switzerland
Phone: +41 44 213 62 45
La clientèle internationale de VON GREYERZ conserve stratégiquement une partie importante de sa fortune en Suisse dans de l’or et de l’argent physique en dehors du système bancaire. VON GREYERZ est heureux d’offrir un service de préservation du patrimoine unique et exceptionnel à sa très estimée clientèle répartie dans plus de 90 pays.
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